Nous ne nous étions jamais véritablement approprié l'entrée de notre maison. L'ancien propriétaire, un dentiste, pensait en faire une salle d'attente... Cette pièce un peu à l'écart du reste de la maison ne nous avait pas véritablement inspirés lors de sa première réfection. Lieu de passage obligé, elle était restée sans âme.

A l'automne 2009, nous avons souhaité renouer avec le plaisir des orchidées dont nous avions abandonné la culture lors du passage il y a 20 ans, de l'appartement vers une maison et son jardin.

Nous savons que les besoins en humidité de certaines espèces sont peu compatibles avec les pièces de vie de la maison, à part la salle de bain... En 2010, nous avons  décidé de transformer notre entrée en "jardin" à orchidées.

Dans un premier temps les murs ont été traités façon "mur de hammam" pour qu'ils supportent le taux élevé d'humidité nécessaire  puis nous avons créé un mur végétal et un bassin. Si la construction du bassin n'avait plus véritablement de secret pour nous, le mur végétal était une première.

Les étapes de sa fabrication :

Du contreplaqué résistant à l'eau est vissé sur des tasseaux fixés solidement au mur. Ne pas oublier de passer l'alimentation électrique (si besoin) et le tuyau qui servira à arroser le mur. Attention : respecter les normes pour l'électricité... l'eau est partout présente !

Des cornières en aluminium entourent le contreplaqué et empêche l'eau de sortir du mur.

Un morceau de bâche en EPDM est collé sur le contreplaqué. Le bas est laissé libre sur environ 50 cm : cela permettra de glisser la bâche du bassin au-dessous et de l'agrafer au dessus du niveau de l'eau.

 

Un morceau de feutre épais est placé au sol puis des briques de tuf sont disposées sur deux hauteurs .La troisième rangée servira à recouvrir et bloquer le bord de la bâche du bassin. Du coté du mur, l'EPDM est agrafé. Les coins sont simplement replié dans les angles.

Un morceau de contreplaqué supplémentaire, solidarisé avec les autres, permet de faire la liaison avec le tuf de chaque côté du mur. Il est judicieux de faire un bassin un peu plus large que le mur pour éviter les fuites.

Le bassin mesure donc un peu plus de deux mètres de long et un mètre de large pour une profondeur maximum de 20 cm.

Attention : le poids du bassin et du mur ne sont pas négligeables. Pour le mur, la traction est surtout verticale, il est donc souhaitable de faire poser le contreplaqué sur le sol ce qui soulagera la fixation des tasseaux.

Du feutre horticole épais (on en trouve plus facilement dans les magasins d'hydroponie que dans les jardineries...) est agrafé sur le mur. L'épaisseur (feutre + bâche + contreplaqué) nécessite une agrafeuse électrique ou pneumatique.

Des petites bandes de feutres permettent de maintenir les tuyaux équipés de goutteurs. Nous avons choisi de laisser ce dispositif apparent : ce qui permet de faciliter les réglages. Avec le temps, le tout disparaitra dans la végétation.

Le mur étant relativement grand (plus de 2m x 2m) il faut une lignée de goutteurs en haut et une à mi-hauteur. Les goutteurs (3 litres à l'heure) sont placés tous les 20 à 30 cm.

Une pompe d'aquarium puissante (il faut remonter l'eau à plus de 2 mètres) est placée dans le bassin qui sert de réserve nutritive.

Le résultat final en juin 2010

Un grillage rigide solidement fixé au plafond permet de maintenir des projecteurs à pinces qui servent de lumière d'appoint. Ce système permet de déplacer facilement ces éléments suivant les besoins. La baie vitrée orientée au sud apporte une lumière suffisante pour la première moitié du mur et les orchidées. Celles-ci sont placées sur une grille en aluminium au dessus du bassin, dans des paniers suspendus au grillage du plafond ou sur des étagères de  tuf devant la fenêtre.

Un ventilateur brasse régulièrement l'air devant la fenêtre et les orchidées. Un extracteur automatique permet d'évacuer l'humidité si son taux devient trop important.

Une fontaine assure  un mouvement continu de l'eau du bassin. Elle est constituée d'une grande poterie retournée sur des cales de terre cuite dans laquelle un tuyau remonte l'eau jusqu'au trou du fond grâce à une petite pompe.

Les différents appareils électriques sont commandés par des programmateurs : ventilateur, pompe d'arrosage du mur et projecteur.

Le temps et la périodicité d'arrosage du mur est à trouver par tâtonnement. Les différents programmateurs électroniques s'étant révélés peu fiables, nous sommes revenus à des systèmes mécaniques. Actuellement la pompe fonctionne 15 minutes (temps minimum de fonctionnement d'un programmateur mécanique) toutes les 4 heures.

 

La solution nutritive doit être vérifiée au moins une fois par semaine (quantité d'engrais et PH) à l'aide d'appareils disponibles en magasins d'hydroponie. Elle est adaptée avec des produits que l'on trouve dans ces magasins spécialisés.

PH conseillé : entre 5.5 et 6.5. Mesure de la conductivité qui permet de connaître la concentration d'engrais : autour de 1.5 mS/cm2

Nous utilisons aussi un luxmètre pour la lumière, mais celui-ci facilite surtout le placement des orchidées.

L'équilibre est difficile à obtenir au début. Notre expérience des bassins extérieurs a été utile mais deux mois ont été nécessaires. Actuellement la solution est stable.

Quoiqu'il en soit, la solution doit être périodiquement renouvelée même si la concentration d'engrais semble correcte car certains composants peuvent disparaître.

Le choix des plantes reste un sujet compliqué, il faut s'adapter à leurs besoins en eau, en lumière et à leur développement tout en essayant d'obtenir un ensemble harmonieux. Certaines, réputées bien adaptées aux murs végétaux n'ont pas résisté aux premiers mois, d'autres, plus délicates prospèrent et colonisent la place laissée par les disparitions.

Nous envisageons une colonisation totale du mur au bout d'une douzaine de mois.

Composition actuelle : des fougères ('nid d'oiseau', Capillaire, Phlebodium...) pour les situations les moins éclairées, divers rhypsalis qui dès le départ ont montré leur satisfaction contrairement aux prédictions que l'on nous avait faites, des Syngoniums et des Anthuriums sans souci, idem pour les Pilea. Une seule orchidée y a été implantée semble t'il avec succès : Ludisia. Les Fittonia colorés sont intéressants en petite quantité. Un Hoya linearis s'y développe sans rechigner. Par contre, le taux de réussite fut très bas pour l'Helxine vu le nombre de mini mottes installées. Leur chevelure est pourtant visuellement appréciable lorsque la greffe accepte de prendre. Même déboires avec le Ficus rampant. Deux Hypoestes ont dépéri.

Débarrassées de la totalité de la terre du pot initial par lavage des racines, elles sont placées dans une poche de feutre agrafée directement sur le mur.

Le mur végétal en décembre 2010

Juillet 2011

Décembre 2011

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