Achat, plantation, semis, entretien et maladies des pivoines herbacées |
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Une première remarque s'impose : si vous ne souhaitez pas consacrer trop de temps à vos plantes et ne pas être confronté à des moments de découragement, je vous conseille de vous orienter vers des hybrides qui me semblent beaucoup moins exigeantes et beaucoup plus résistantes aux maladies.
Vous trouverez dans les jardineries ou chez les spécialistes (voir notre page d'adresses) des centaines de plantes, variant par la taille, la forme et la couleur de la fleur, l'époque de floraison.
La période de floraison s'étale d'avril à fin juin, suivant les espèces et la région de plantation. Savoir, qu'en général, les pivoines simples sont les plus précoces, suivies des demi-doubles, puis des doubles. Ces pivoines sauront vous combler en respectant vos nerfs et vos loisirs.
Je vous conseille d'éviter les appellations 'pivoine rouge...blanche' ou 'lactiflora rouge...blanche') solution de facilité de certains marchands qui ne cherchent pas à savoir ce qu'ils vendent. Des producteurs français, américains, chinois... ont, depuis le siècle dernier, obtenu des hybridations remarquables à qui ils ont donné un nom. N'est-il pas plus agréable de choisir exactement la pivoine rêvée et d'inviter dans son jardin 'Claire de Lune' ou 'Souvenir de Mme Lemoine'... ? Si vous n'avez pas d'idées, je vous conseille un petit tour sur nos albums photos.
Vous avez deux solutions d'achat :
La souche est achetée au repos (fin octobre jusqu'en février) : vous devez vérifier que les racines sont saines et qu'elles possèdent un ou deux beaux bourgeons. Attention ! il ne faut pas attendre trop longtemps avant d'effectuer la plantation : un séjour prolongé dans la douceur de votre garage risque d'arrêter la période de dormance et de provoquer la pousse des bourgeons. Cette année, des plants venus d'Angleterre, sont restés trop longtemps dans ces conditions suite à une période de neige. Certains ont mal supporté la plantation.
Vous achetez la plante en pot : les professionnels vous conseillent de garder cette plante dans son pot jusqu'à la période de dormance pour la replanter. J'ai depuis plusieurs années replanté ces plantes, avec beaucoup de précautions, dès notre achat et je n'ai jamais connu de problème lié à cette manière de faire.
Il faut savoir qu'une grande partie des problèmes peuvent être évités par une plantation appropriée.
Préparation du sol pour la plantation :
Préparer un trou d'au moins 50 cm de diamètre sur 40 cm de profondeur.
Attention ! la petite plante deviendra grande : prévoyez au moins 80 cm entre deux pieds et le double pour les arbustives.
Drainez le fond de votre trou surtout si votre sol est argileux (comme le mien) ou vous risquez de gros problèmes de pourriture des racines. Il vous suffit de placer une couche de gravier, sable... au fond. Pensez à alléger aussi votre terre avec du sable et de la tourbe blonde.
Les pivoines étant des gourmandes, ajoutez du fumier bien décomposé. Quand je n'ai pas de fumier, je place dans le trou de la corne torréfiée.
Il faudra peut-être traiter votre sol contre les parasites, principalement si votre plantation s'effectue à la place d'un gazon, ou d'un jardin potager. Les hépiales ou les taupins aiment bien les racines des pivoines. Il existe des granulés à incorporer dans le sol au moment de la plantation.
Placez les yeux de de la souche à 2 ou 3 cm maximum de la surface, sinon, pas de floraison ! Attention ! : la plantation des pivoines arbustives nécessite un trou plus gros mais aussi de placer le point de greffe sous la terre (Il s'agit souvent d'une tige greffée sur une pivoine herbacée).
Rebouchez doucement le trou avec le mélange de terre, terreau ou tourbe, sable... arrosez.
Remarque : il n'est pas souhaitable de replacer une pivoine au même endroit qu'une pivoine morte ou déplacée. Le sol est épuisé et des maladies peuvent y être présentes. Une solution : remplacer la terre ou une partie et traiter le sol avec un fongicide.
Dans la nature, les facteurs qui favorisent la dissémination des graines de pivoines sont encore méconnus des scientifiques. La plupart des graines tombées au sol, restent sur place dans notre jardin, malgré les nombreux oiseaux (notre jardin est un refuge L.P.O.), les écureuils et les mulots... On sait qu'une espèce qui ne se dissémine pas, très peu ou à courte distance, même si chaque individu vit très vieux comme les pivoines, rencontre des problèmes un jour ou l'autre et a tendance à disparaître. Des chercheurs du CNRS de Montpellier, avec qui nous avons eu des contacts en 2005, pensent que les fruits de certaines pivoines imitent les fruits que certains oiseaux mangent. Les plus jeunes, surtout, sont parfois dupés par cette ressemblance. En mars 2005 nous avons eu la chance d'avoir un vol de jaseurs boréaux qui s'est arrêté dans notre jardin pendant une semaine, principalement attiré par nos bassins. Nous avons constaté que des graines de pivoine se retrouvaient presque intactes dans leurs fientes. Les graines de pivoines sont riches en alcaloïdes.
Les semis spontanés de pivoines botaniques se font naturellement, assez facilement, suivant les espèces. Dans notre jardin Paeonia kavachensis est la plus prolifique. Cela reste une méthode de multiplication valable qui évidement donne de nouveaux sujets plus ou moins hybridés. Vous pouvez contrôler la fécondation d'une fleur en plaçant celle-ci très tôt dans un petit sac de gaze fine afin d'empêcher tout insecte de la féconder. Il vous suffit ensuite de pratiquer vous même la fécondation au pinceau.
Il y a quelques années, j'avais essayé de semer des graines récoltées dans un jardin botanique après un passage de plusieurs semaines de stratification au congélateur, afin de lever la dormance du tégument. Plantées dans une pièce peu chauffée de la maison, le résultat fut assez convaincant, surtout pour les arbustives. Par contre, les conditions idéales de survie des jeunes plantes n'étaient pas toujours assurées et j'ai perdu beaucoup de celles-ci, souvent par pourriture. Les survivantes n'eurent pas plus de chance... la personne chargée de les arroser pendant nos vacances, les oublia.
Depuis la construction de notre serre froide, le semis des graines à l'automne dans un mélange pour moitié sable / terreau, après scarification sur du papier de verre, donne d'excellents résultats. Le froid de l'hiver (nous laissons descendre la température de la serre jusqu'à - 4) termine la levée de la dormance du tégument. L'arrosage automatique par capillarité des pots sur une couche de sable permet de garder un taux d'humidité constant.
Les pivoines ne demandent pas un gros entretien :
A l'automne, je coupe les tiges sèches à 5 cm au dessus du sol et incorpore dans le sol des scories potassiques et de la corne torréfiée.
Au printemps, aussitôt que les tiges commencent à sortir du sol, j'aère la terre avec une mini-bêche en faisant attention de ne pas abîmer les racines ni les bourgeons et apporte du fumier déshydraté ou un engrais à faible teneur en azote.
Remarque : la potasse favorise la floraison. L'azote, indispensable aux feuilles ne doit pas être donnée en trop grande quantité pour éviter un trop grand développement du feuillage et augmenter le risque de maladie (botrytis).
Aérer la terre, avec précaution, de temps en temps.
C'est surtout dans leurs premières années que les pivoines semblent sensibles aux maladies (surtout les botaniques). Il s'agit souvent d'un mauvais emplacement ou de mauvaises conditions de plantation. Plus polémique, j'ai remarqué que les plantes venant de certaines pépinières étaient beaucoup plus sujettes à la pourriture des racines...
Voulant avoir une démarche écologique, nous acceptons quelques taches sur le feuillage et quelques pertes de boutons floraux grignotés par les insectes ou touchés par la maladie.
Voici les principaux dangers rencontrés par les pivoines :
Pourriture des racines : Les symptômes ressemblent au flétrissement et la maladie est certainement du même type (attaque par un champignon, le verticulum n'étant pas le seul amateur de plantes). Mon sol est argileux et la terre des premières pivoines botaniques que j'ai plantées n'a pas été suffisamment drainée. Certaines n'en ont pas souffert : hybrides, Wittmaniana, Mollis... d'autres ont prospéré pendant quelques années pour mourir souvent juste après la floraison (Mlokosewitschii, Officinalis...). Une solution radicale : déterrer la plante aussitôt qu'elle montre un signe de dépérissement, couper toutes les parties de racines touchées avec un sécateur. Replanter dans un nouvel endroit en respectant, cette fois, un bon drainage.
Flétrissement (verticulum) : ce champignon provoque le flétrissement de la plante qui meurt rapidement. Les canaux amenant la sève à la plante sont détruits au moment des grosses chaleurs. En prévention : traitement à la bouillie bordelaise du pied de la plante juste après la floraison . En cas d'attaque il est conseillé d'arracher et de bruler la plante.
Pourriture grise (botrytis) : Surtout en période chaudes et humides, reconnaissable à des tâches brunâtres ou noirâtres recouvertes d'un feutre gris sur les feuilles.
Rouille des boutons : (Cladosporium) : Petits points rouges sur les feuilles qui finissent par sécher complètement surtout en période chaude et humide. Cette maladie cryptogamique est très dangereuse pour les pivoines. Les solutions consistent, en prévention, à aérer régulièrement le sol, couper les parties malades, enlever les déchets et les feuilles mortes en automne, pulvériser de la bouillie bordelaise après la floraison.
Mildiou (phytophtora cactorum) : Noircissement et mort d'une pousse entière. Préventions : les mêmes que pour la rouille.
Insectes et chenilles sur le feuillage : les fourmis adorent le sucre des boutons floraux des pivoines et ne présentent qu'un léger danger de véhiculer des maladies. Les cétoines se logent à l'intérieur des fleurs. Il ne faut pas s'en inquiéter. Seuls les thrips peuvent s'attaquer aux boutons floraux, et quelques chenilles et insectes faire des trous dans les feuilles et les boutons.